
C o u t u r e s u r m e s u r e & t e i n t u r e v é g é t a l e
J U L I E T T E C H R I S T M A N N
TEINTURE VEGETALE SUR LAINE
J'ai effectué ce travail de teinture dans le cadre de la ferme d'élevage de moutons dans laquelle j'ai travaillé de 2011 à 2013. Les moutons de race charmoise élevés sur le site ont constitué la matière première à teindre. Pour la transformation de la toison, nous avons choisi de travailler à façon avec d'autres structures artisanales : la laine issue de la tonte a d'abord été conduite dans une entreprise de lavage dans l’Allier, puis dans deux filatures artisanales de la Creuse. Nous avons récupéré une partie de la laine en nappe cardée et une autre partie filée en écheveaux. J'ai teint au final 1 kg de nappe cardée et 7 kg de fil. Les colorants proviennent de végétaux que j’ai cueillis dans les environs de la ferme ou achetés sur Internet. Ces nappes et écheveaux de laine sont en vente depuis l’automne 2013 sur certains marchés en banlieue parisienne.


Ces 7 couleurs ont été obtenues avec :
DE GAUCHE A DROITE : pelures d’oignon, écorce de bouleau, racine de garance 1er bain, prunus mirobolan, bois de campêche 2e bain, racine de garance 2e bain, bois de campêche 1e bain. A ces colorants s’ajoute le châtaignier visible sur le nuançier de droite (3e coloris en partant du haut).


Ces 11 couleurs ont été obtenues avec :
DE HAUT EN BAS : baies de sureau, pelures d’oignon, bois de campêche 2e bain, genêt des teinturiers, brou de noix, racine de garance 1e bain, pelures d’oignon, origan, bois de campêche 1er bain, chénopode, racine de garance 2e bain. Le nuançier de droite compare des échantillons teints avec la même plante dosée de la même façon à quelques mois d’intervalle, pour tester la reproductibilité des couleurs.


Echantillons de laine de mouton lavée et cardée teints avec plus de 50 colorants différents dans le cadre de mes expérimentations. Ces essais m'ont servi de base pour définir la gamme de couleurs des écheveaux ci-dessus. Certains coloris ont fait l'objet d'une teinture en plus grande quantité et seront bientôt utilisés par une artiste qui crée des tableaux textiles avec la technique du toftage.
Processus et étapes de teinture :
![]() La plupart des colorants que j'utilise sont des végétaux récoltés en milieu naturel, dans les champs, en ville ou dans mon jardin, travaillés frais, ou séchés puis coupés en morceaux et mis en bocaux pour la conservation. Je me documente au préalable dans des livres de botanique et de teinture végétale. | ![]() J'achète sur Internet les plantes colorantes que je ne trouve pas dans mon environnement, parfois sous forme de poudre plus ou moins concentrée. J'achète aussi un minimum de sels minéraux chimiques qui me permettent de maîtriser l'acidité de mes bains pour pouvoir fixer la couleur. | ![]() Je fais macérer la plupart de mes plantes colorantes dans l'eau de pluie, puis je fais bouillir le tout. La décoction a pour but d'extraire le colorant dans l'eau. Je prépare les échantillons de tissus destinés à être teints : il s'agit de tissus récupérés ou achetés dans le commerce, que je lave avant teinture. |
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![]() Je filtre ma décoction à travers un tissu ajouré pour obtenir un bain coloré homogène. La force du bain (c'est-à -dire son pouvoir colorant) se calcule en rapportant le poids de plante au poids de fibre sèche à teindre. On peut diviser la même décoction pour avoir plusieurs bains de teinture. | ![]() Les écheveaux de laine destinés à la teinture, comme toute fibre animale, sont mordançés avant d'être plongés dans le bain de teinture : je les fais d'abord bouillir dans un bain acide et incolore de sel d'alun qui les prépare à recevoir le colorant. | ![]() Je modifie mon installation en fonction du poids et du type de fibre à teindre. Pour ces écheveaux j'utilise une cuve en inox de 100 litres posée sur un réchaud à gaz. Les écheveaux sont trempés en entier, ou à moitié en les tournant régulièrement autour d'un bâton disposé au dessus de la cuve. |
![]() Pour teindre des échantillons de petite taille, une marmite en inox ou fer émaillé d'une vingtaine de litres peut suffire. Avoir un point d'eau à proximité est bien pratique. Je mets à contribution la cuisine de mes parents pour ce type de teinture. | ![]() La durée de décoction et de teinture, ainsi que la température du bain, varient suivant la fibre et le type de décoction (à base de fleur, racine, écorce, sommité fleurie, baie ou plante entière). Je note sur un tableau le temps de teinture pour chaque bain. | ![]() A la fin de la teinture, je sors les échantillons pour les faire refroidir dans un fond de bain : la laine est particulièrement sensible aux changements de température. Il est possible de nuancer le bain en fin de teinture avec des oxydes métalliques de fer ou de cuivre. On obtient alors différentes teintes avec un même colorant. |
![]() Je mets mes échantillons à sécher à l'ombre, étiquetés, avant de les ranger dans des pochettes à l'abri de la lumière. On peut réaliser des tests de solidité à la lumière en exposant une partie. | ![]() Les écheveaux sont mis à sécher en plein air... avec les moyens du bord!! | ![]() Je classe les échantillons dans des cahiers de recette. |











